Le mot bienveillance est à la mode, utilisé comme un concept mou qui se fond dans tous les thèmes.
En effet, si la bienveillance se traduit par la capacité à se montrer attentionné envers autrui d’une manière désintéressée, beaucoup voient dans ce terme de la gentillesse excessive voire de la démagogie.
Nous pensons, au contraire, que la bienveillance n’a pas de limite, si ce n’est l’exigence qui doit être son indispensable binôme, comme le préconise l’éducation nationale dans la circulaire 20-05-2014 concernant la préparation de la rentrée 2014 : « promouvoir une école à la fois exigeante et bienveillante ».
Le sport, ou devrions nous dire « les sports » supports de l’EPS, véhiculent une image médiatique associée à des valeurs liées essentiellement à la compétition, même si à la marge, de beaux exemples d’entraide font le « buzz ».
La bienveillance ne ferait-elle pas partie de la démarche didactique et pédagogique qui permet de faire le basculement du sport à l’EPS ?
Eduquer, c’est entre autres, faire éprouver à l’enfant la nécessité de règles pour vivre en commun (faute de quoi on est « hors jeu » – en sport comme face aux autres apprentissages et au « vivre ensemble » , qui ont leurs propres normes – au risque d’être disqualifié).
Et l’éducation a moins pour but d’assouvir des désirs que de créer des besoins (culturels, intellectuels) : envie de connaître et d’apprendre de nouvelles choses, plaisir de se connaître soi, de gagner en autonomie, de développer ses pouvoirs de penser et d’agir. Pour cela, il nous semble nécessaire d’établir un climat respectueux, positif et attentionné. Un climat bienveillant.
Nous pensons que la bienveillance doit être au coeur de notre enseignement pour plusieurs raisons.
La première est que les élèves apprennent par mimétisme, par modélisme.
Qui ne rêve pas d’une société plus agréable et plus humaine ? Savoir en tant que professeur, s’intéresser à chacun, dire bonjour, discuter, dire merci, être souriant et disponible est la première des pierres pour instaurer un indispensable climat positif. Beaucoup d’élèves sont sensibles à notre façon de parler, de regarder, de sourire. Nous ne prenons pas toujours le temps de le faire. Essayons de donner une image de nous sereine et disponible. La bienveillance commence par là, « je suis là pour vous ». Cela semble l’évidence mais tous les jours nous sommes confrontés à nos humeurs, aux difficultés et si cela est bien normal, nous devons au maximum garder le contrôle de notre façon de communiquer.
Faire la moitié du chemin pour rendre à l’élève un vêtement oublié, le remercier pour son aide à ranger, lui sourire, le questionner sur ses activités ou ses intérêts, l’incite à être attentifs aux autres et à être agréable en groupe.Bien sur, ils sont nombreux me direz vous, mais il ne s’agit pas de leur faire croire que nous nous intéressons tour à tour à chacun d’entre eux, mais de leur faire comprendre avec notre façon d’être que nous, professeurs, nous intéressons à nos élèves.
D’autre part, et au delà de la forme, le fond marque bien évidemment les élèves : ce que pense un enseignant sur ses élèves, ses remarques subjectives positives ou négatives, influent de façon inconsciente sur leurs comportements. Perçues par les élèves, ces attentes et ce traitement qui peut être différencié, influent en retour sur leur comportement et leurs performances objectives. C’est pourquoi on parle de prophéties auto-réalisatrices. Il semble donc essentiel d’avoir une attitude positive dans la façon d’aborder ses élèves, de leur faire des remarques ou des feed-back incluants systématiquement le bien fait, le réussi, le remarquable. Il ne s’agit pas là d’être démagogique et d’occulter les aspects négatifs de son comportement ou de son résultat, mais bien d’être juste et de noter et valoriser les aspects positifs.
Les Neurosciences affectives confirment l’idée que l’apprentissage n’est efficace de façon optimale que dans un climat de non stress, quand l’élève se sent pris en considération.
Cependant, il ne s’agit pas de croire à une recette miracle et il ne s’agit pas non plus de culpabiliser un enseignant qui n’obtiendrait pas les résultats escomptés. Justement, il ne s’agit pas de résultats forcément visibles, mais d’une contribution personnelle à l’échelle humaine : véhiculer l’idée que chaque personne mérite d’être accueillie avec attention et respect.
La question est maintenant, au delà de l’attitude du professeur, de définir, de cerner quels sont les paramètres contribuant à une forme d’enseignement bienveillante ?
Bibliographie :
Boris Cyrulnik :
http://www.vousnousils.fr/2015/06/08/boris-cyrulnik-peu-denseignants-ont-conscience-de-leur-impact-affectif-sur-les-enfants-570393
Conférence de Catherine Guegen :https://vimeo.com/117247370
Articles :
Assises de l’éducation – 20 novembre 2013 La bienveillance en éducation . Jacques BERNARDIN
https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-veran/blog/140216/ce-qui-soutient-les-eleves-l-exigence-la-bienveillance-ou-la-consideration